du 2 décembre 2003

La France vise les JO

L'équipe de France féminine défie l'Espagne, ce soir (20 h), dans le cadre des championnats du monde en Croatie, avec l'espoir de figurer dans le quinté de tête.

Plus qu'une banale échéance internationale, le Mondial 2003 de handball représente avant tout pour l'équipe de France féminine une porte ouverte pour les jeux Olympiques d'Athènes, récompense promise aux cinq premiers de la compétition. La Grèce est bien le point de mire des joueuses d'Olivier Krumbholz, qui voudront effacer le souvenir malheureux des Jeux de Sydney en 2000 où elles n'avaient terminé qu'à la 6e place, un an après leur titre de vice-championnes du monde. Un échec cuisant qu'il leur tarde d'oublier complètement mais pour cela, il faudra d'abord passer par un premier tour difficile sur la côte Adriatique. Au menu des Bleues à Split, l'Espagne, la Croatie, la Serbie-Monténégro, le Brésil et l'Australie. Si ces deux dernières nations ne devraient pas poser de problème majeur, les trois autres sont autant de concurrentes potentielles pour le 2e tour, ouvert à seulement trois équipes par groupe.

Caractéristiques inchangées

Aucun faux pas, dès lors, ne sera permis. Si la valeur de la Serbie-Monténégro, médaillée de bronze du Mondial 2001, n'est plus à démontrer, la méfiance doit être de mise face à la Croatie, pays hôte, mais surtout face à l'Espagne. Les Ibériques restent d'ailleurs sur un récent succès devant la France en match amical et voudront sûrement « prendre leur revanche » sur le mauvais tour joué par la formule alambiquée de l'Euro 2002 au Danemark, qui les avait reléguées à une injuste 13e place. La défense atypique espagnole, avec des joueuses très avancées, risque de poser de gros problèmes aux Françaises dont l'attaque placée reste le point faible. « Les caractéristiques de l'équipe sont toujours les mêmes, constate Olivier Krumbholz. On pratique une défense agressive. En attaque, il y a besoin d'une grosse mobilisation sinon on perd beaucoup de ballons ». Le retour après une longue blessure à un tendon d'Achille de Leïla Lejeune, meilleure arrière gauche du Mondial 2001, ne sera pas superflu pour tempérer les ardeurs des joueuses de José-Francisco Aldeguer. Parmi les valeurs sûres côté tricolore, l'effectif peut toujours se reposer sur Valérie Nicolas, considérée comme l'une des meilleures gardiennes de but au monde et désormais exilée dans le championnat du Danemark.

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Isabelle Wendling devrait devenir la joueuse la plus capée de l'histoire de l'équipe de France au cours de ce mondial.

Néo-Danoise elle aussi, la capitaine Stéphanie Cano justifie à chaque sortie son titre de meilleure ailière droite de l'Euro 2002. Contrairement au Mondial 2001, les Françaises pourront d'ailleurs compter sur davantage de forces vives, puisque les deux mamans Véronique Pecqueux-Rolland et Sandrine Delerce ont effectué leur retour au plus haut niveau pendant l'Euro 2002, compétition disputée sans Leïla Lejeune. Son absence n'avait pas empêché les Françaises d'y conquérir le bronze, une place qui leur permet d'espérer un éventuel repêchage si jamais elles n'étaient pas dans le quinté de tête du Mondial 2003 et que, dans le même temps, le Danemark et la Norvège (respectivement champion et vice-champion continentaux) s'y trouvaient. « L'objectif est de terminer dans les cinq, mais il ne faut pas se reposer sur le Danemark et la Norvège, conseille sagement l'ailière bisontine Raphaëlle Tervel. Les Danoises ont trois joueuses majeures blessées, cela ne sera pas simple pour elles. Il ne faut pas compter sur les autres et jouer à fond. »

La sélection française

Gardiennes de but : Joanne Dudziak (Nîmes/D1), Valérie Nicolas (Viborg/DAN) Ailières : Estelle Vogein (Metz/D1), Stéphanie Cano (Slagelse/DAN), Stéphanie Ludwig (Metz/D1), Raphaëlle Tervel (Besançon/D1) Arrières : Leïla Lejeune (Viborg/DAN), Sandrine Delerce (Besançon/D1), Melinda Szabo-Jacques (Metz/D1), Myriame Saïd Mohamed (Besançon/D1), Sophie Herbrecht (Besançon/D1), Myriam Korfanty (Mios/D1), Nodjialem Myaro (Kolding/DAN) Pivots : Véronique Pecqueux-Rolland (Besançon/D1), Isabelle Wendling (Metz/D1) Une 16e et dernière joueuse pourrait être appelée en cours de compétition.

Le bonheur de Sophie

La roue tourne, c'est le moins que l'on puisse dire. Surtout dans le monde du sport. En effet, elle faisait partie, autrefois, de ces petites jeunes aux dents longues prêtes à prendre la relève de leurs glorieuses aînées au sommet de la pyramide hexagonale. Aujourd'hui, c'est au tour de Sophie Herbrecht de faire rêver la jeunesse. Elle, qui ne souhaitait qu'une chose, à savoir revêtir la tunique bleu-blanc-rouge, est bel et bien résolue à apporter sa pierre à l'édifice lors de ces championnats du Monde en Croatie, dont les festivités débutent ce soir même pour les féminines tricolores. Après avoir défendu les couleurs de l'ASCA Wittelsheim, où elle a fait ses débuts, du HBC Pfastatt et du HBC Kingersheim, Sophie Herbrecht porte désormais le maillot de l'ES Besançon. Depuis, elle ne cesse de cumuler les capes en équipe de France. Visiblement, Olivier Krumbholz semble convaincu du talent de son jeune "poulain".

Les JO en vue

Sophie est la plus jeune joueuse de la sélection tricolore, certes. Mais son talent, lui, ne date pas d'hier. Ces Mondiaux constituent, pour elle, la possibilité d'exprimer la plénitude de ses moyens contrairement en 2001, année des championnats du Monde en Italie, où elle avait peu joué. « J'espère vraiment jouer ces Mondiaux, lance-t-elle avec conviction. Même si au niveau des titularisations, tout est aléatoire. » Et d'ajouter : « Comme toute autre compétition, c'est déjà une grosse satisfaction que de figurer parmi les joueuses sélectionnées. Comme toute autre compétition également, la préparation a été intense. « Nous avons choisi d'effectuer un maximum de matches de préparation pour justement nous mettre dans les mêmes conditions que les Mondiaux, c'est-à-dire enchaîner plusieurs rencontres d'affilée. » Bien évidemment, derrière cette préparation, se cachent des objectifs qui ne font pourtant plus l'ombre d'un doute, comme en témoigne l'Alsacienne : « Nous allons tout d'abord tâcher d'aborder les rencontres du mieux possible et cela, à commencer par l'Espagne. L'entraîneur n'a pas donné de consignes particulières. Terminer dans les cinq premiers pour pouvoir disputer les jeux Olympiques est le mot d'ordre. » Pourvu qu'il soit appliqué à la lettre.

Saïd Messerli

À SAVOIR

Les groupes

Groupe A : France, Serbie-Montenegro, Croatie, Espagne, Brésil, Australie.
Groupe B : Russie, République tchèque, Autriche, Corée, Angola, Uruguay.
Groupe C : Norvège, Roumanie, Japon, Ukraine, Tunisie, Argentine.
Groupe D : Danemark, Hongrie, Slovénie, Allemagne, Chine, Côte d'Ivoire.

 

Aujourd'hui

Groupe  Lieu Rencontres
A Split

Serbie-Montenegro - Australie ; Croatie - Brésil ; France - Espagne.

B Porec

Russie - Corée ; Rép. tchèque - Uruguay ; Autriche - Angola.

C Karlovac

Japon - Tunisie ; Norvège - Ukraine ; Roumanie - Argentine.

D Cakovec

Hongrie - Côte d'Ivoire ; Slovénie - Chine ; Danemark - Allemagne.

Derniers podiums

Année Pays organisateur Palmarès
2001   Italie 1. Russie, 2. Norvège, 3. Yougoslavie… 5. France.
1999   Norvège-Danemark 1. Norvège, 2. France, 3. Autriche.
1997   Allemagne 1. Danemark, 2. Norvège, 3. Allemagne… 10. France.
1995   Autriche-Hongrie 1. Corée du Sud, 2. Hongrie, 3. Danemark.
1993   Norvège 1. Allemagne, 2. Danemark, 3. Norvège.
1990   Corée du Sud 1. URSS, 2. Yougoslavie, 3. Equipe unifiée RFA-RDA... 14. France.
1986   Pays-Bas 1. URSS, 2. Tchécoslovaquie, 3. Norvège… 15. France.
1982   Hongrie 1. URSS, 2. Hongrie, 3. Yougoslavie.

Une spécialité européenne

La lutte promet d'être serrée en Croatie, même si comme à l'accoutumée les nations européennes devraient jouer les premiers rôles, à l'image du Mondial 2001 italien où elles ont occupé les dix premières places du classement final. Bastion traditionnel du handball féminin, le Danemark pourrait se montrer plus effacé que d'habitude en raison de plusieurs blessées. Souci du palmarès mis à part, le Mondial ne représente pas une étape majeure pour les doubles championnes olympiques danoises, déjà qualifiées pour Athènes. Ce n'est pas le cas des vice-championnes d'Europe norvégiennes qui, à l'instar de nombreuses nations médaillables comme la Russie, la Serbie-Monténégro, la France, l'Allemagne, la Hongrie, voire la Roumanie, la Slovénie, l'Espagne et la Corée du sud, vont se disputer les derniers sésames. Les Sud-Coréennes se sont en effet laissé surprendre par la Chine qui leur a subtilisé l'unique place olympique réservée au vainqueur des qualifications asiatiques. Des deux challengers probables, Australie et Brésil, les Sud-Américaines seront toujours les moins malheureuses, leur avenir olympique étant déjà assuré grâce aux qualifications continentales.