du 24 décembre 2003

Sophie Herbrecht, haut la main

La plus jeune des championnes du monde de handball, Sophie Herbrecht, est venue fêter Noël dans sa famille. Elle repart dès vendredi jouer la coupe de la Ligue.


« Sophie (deuxième à partir de la droite), c'est le don au départ, le travail et
le génie en plus, » a résumé Jo Spiegel, conseiller général, lundi
lors de la réception dans la salle Albert-Camus à Wittenheim.

Les parents et amis de Sophie Herbrecht, les élus de Wittenheim et Kingersheim se frottaient les mains lundi soir dans la salle Albert-Camus : la championne du monde de handball vient passer un bref séjour en famille. Dès vendredi, elle repartira pour Nîmes, jouer la coupe de la Ligue. Son aventure commence il y a 16 ans, quand ses parents, de grands sportifs eux aussi puisqu'Emmanuelle est championne de France du lancer de javelot et Hugues champion d'Alsace du relais 400 x 400 mètres, la confient, ainsi que son frère Alexandre, à leur amie Betty Piningre, entraîneur à l'ASCA (association sportive des cités Amélie) de Wittelsheim.

« Merci les garçons »

Betty lançait cette année-là sa première équipe mixte de handball. Sophie est la toute première féminine à jouer. En de bonnes mains, elle ne peut que développer son talent. « Quand on joue avec des garçons, quand on est une fille, il faut être meilleure qu'eux ». La jeune Sophie avait des dispositions physiques : elle courait vite, sautait... Sophie reconnaît aussi que ces débuts l'ont aidée : « Car, physiquement, il fallait que j'y arrive, que je suive les garçons. Ils n'étaient pas toujours sympas au début de ma carrière, maintenant je les remercie. » Comme elle est « assez têtue, d'un caractère assez fort, » elle est une battante-née : « Je ne supportais pas de ne pas y arriver. » Passé l'âge de l'école de hand et des poussins, Sophie fait un petit tour chez les benjamines de Pfastatt puis au HBC de Kingersheim : il lui faut dorénavant jouer avec des filles.

 « On voyait encore plus qu'elle avait un niveau supérieur aux autres. » Même si elle a toujours évolué dans des équipes au-dessus sa catégorie d'âge. Comme elle faisait partie des sélections du Haut-Rhin et d'Alsace, elle a vite été repérée et participé très jeune à des stages nationaux. C'est qu'elle n'est pas seulement une athlète hors paire, elle a aussi et surtout des qualités de coeur et l'envie de gagner. Ce parcours formateur lui a valu de jouer en défense lors du match de la consécration en Croatie, « un rôle que l'on confie normalement à des anciennes, celles qui ont du métier. »

Trois titres en attendant

En avance dans le sport, elle l'est également dans les études et entre à 15 ans dans un pôle espoir à Besançon, en même temps qu'en classe de seconde. Avec l'ESB (Entente sportive de Besançon) elle devient championne de France 2002 et joue le 1er tour du championnat d'Europe au Danemark, où son équipe monte sur le podium. Hélas, Sophie doit s'interrompre en raison d'une blessure : la plus grosse difficulté qu'elle ait jamais dû affronter. Car, modeste, elle minimise ses mérites : « Ce n'est pas si difficile que ça. Malheureusement, on ne peut pas vivre du handball. » Aujourd'hui, elle prépare le STAPS pour être prof de sport et poursuit son engagement en équipe de France. « Rien n'est fait pour les sportifs de haut niveau. Les stages nationaux, c'est pendant les vacances, le week-end, » regrette aussi Betty. Leur souhait puisse-t-il être entendu pour Noël.

A.O.