Très sollicitée durant le Mondial 2003 avec l'équipe de France féminine de handball, l'Alsacienne Sophie Herbrecht (ESBF) sait qu'elle a encore des progrès à accomplir pour devenir titulaire indiscutable.
Sophie Herbrecht : « Après des années de travail, mon rêve s'est réalisé avec ce titre de championne du monde. Cependant, je veux encore aller plus loin ! » Photo : Jean-François Frey |
Ce Noël est manifestement différent des autres. Du moins, de celui de ces dernières années. Car cette fois-ci, tous les ingrédients sont bel et bien réunis. En effet, après une période estivale marquée par la canicule, l'hiver fait à son tour parler la poudre avec ces premiers flocons tombés tout droit du ciel, mêlés à une vague de froid qui, aujourd'hui encore, donne la chair de poule. Signe précurseur d'un moment inoubliable qu'allaient vivre les Français ? Toujours est-il que ces derniers ont dû grelotter devant leurs postes de télévision deux semaines durant, à l'occasion du Mondial féminin de handball, qui battait ses droits sur les divers parquets croates (2 au 14 décembre). Emmanuelle Herbrecht, elle, ne déroge pas à la règle et ne semble toujours pas remise de ses émotions. « Cette équipe de France est forte mentalement », constate-t-elle. Car du courage et de la volonté, il en a fallu aux joueuses d'Olivier Krumbholz pour acquérir ce titre de championnes du monde. « Franchement, le groupe n'a jamais rien lâché, ajoute la maman de Sophie. Olivier (Krumbholz) a su insuffler aux filles cette rage de vaincre. C'est vraiment quelqu'un de passionné et de compétent même s'il a parfois tendance à se montrer exigeant et exubérant. » En quête d'expérienceEt alors que dire de Sophie, celle qui, jadis foulait le sol du gymnase de Wittelsheim aux côtés de garçons, et qui, à l'heure actuelle, fait figure de grande révélation dans le monde du hand féminin ? « Sophie, je l'ai trouvée bien, sereine et sûre d'elle, confie Emmanuelle. J'ai également beaucoup apprécié le jeu qu'elle a produit, avec très peu de déchets. » Ancienne joueuse de Kingersheim au plus haut niveau, Manu Herbrecht a l'oeil expert et compte bien inculquer ses connaissances à sa progéniture. |
Sophie, l'intéressée, sait qu'elle a une chance inouïe de pouvoir s'appuyer sur la solide expérience de sa maman. C'est d'ailleurs pour cela « que je tenais à dédier cette Coupe du monde à ma mère et à toute ma famille. » Littéralement comblée de bonheur au sein « d'une équipe de France solidaire où, moralement et physiquement, j'étais au mieux », l'Alsacienne de coeur, qui porte les couleurs bisontines, est néanmoins consciente du fait que la route est encore longue pour que ce bonheur soit complet. « Je dois encore améliorer mon efficacité aux tirs de loin », analyse-t-elle. « Sophie a encore besoin de maturité et d'expérience, remarque sa maman. Appliquer sans cesse les consignes de l'entraîneur n'est pas forcément quelque chose d'évident, notamment lorsqu'on est jeunes. Mais quoi qu'il en soit, je pense que Sophie a fait ses preuves et gagné la confiance d'Olivier Krumbholz. »
Si Sophie Herbrecht peut voir l'avenir en rose, le passé, lui, n'a pas toujours été vécu de cette couleur, toutefois. Avant les temps forts, ont précédé des temps morts. Notamment « cette double fracture d'une vertèbre qui m'a tenue éloignée des gymnases pendant près de six mois. » Des souvenirs terribles, heureusement compensés par le sacre en Croatie. Maintenant, plus question de retourner en arrière, place au futur. « Je suis actuellement en seconde année de STAPS à Besançon après avoir obtenu un Bac économique. Je sais que je ne pourrai pas vivre que du handball, alors j'assure l'avenir. » Élève brillante aussi bien au niveau sportif que scolaire, Sophie serait-elle prédestinée à une carrière d'enseignant voire même d'entraîneur ? Pour l'instant, là n'est pas la question. La Coupe de la Ligue, qui se joue en ce moment-même, occupe déjà son esprit. Avec 16 ans de pratique dans sa discipline de prédilection, tout porte à croire qu'elle sera à la hauteur du rendez-vous. N'oublions pas aussi que les JO approchent lentement mais sûrement (août 2004) : « J'espère y participer, dévoile-t-elle. J'ai déjà réalisé mon rêve lors des Mondiaux, certes. Mais je veux aller plus loin ! » La France sera-t-elle en mesure de rééditer son exploit à cette occasion ? « Les filles ont tout fait pour aller aux JO d'Athènes, note Manu Herbrecht. Je pense qu'elles ne se rendront pas là-bas pour faire de la figuration. » Et de conclure : « Sophie est une personne indépendante, qui assume parfaitement les choses. Je pense sincèrement que son heure va arriver… »
Saïd Messerli