du 13 décembre 2003

Sophie a pris du volume

L'Alsacienne Sophie Herbrecht, licenciée à Besançon, et l'équipe de France féminine de handball s'attaquent à l'Ukraine (ce soir à Zagreb) pour une place en finale mondiale.

Souffrir, revenir, s'endurcir… Une vingtaine d'années tout juste passées, Sophie Herbrecht, n'aura pourtant guère eu le temps de profiter exagérément de ces adolescentes exubérances ; l'histoire d'une vie, d'un caractère très (trop) tôt forgé. Aujourd'hui classée dans le top 7 des joueuses françaises les plus utilisées lors de ce mondial 2003, avec 4h51' de jeu pour huit matches disputés, l'insouciante joueuse, démoniaque de culot sur un parquet, où elle avoue encore son inaltérable besoin de « toujours mieux faire », s'efface pourtant hors écran au détriment d'un potentiel de charme consécutivement sous exploité. Mais tel va la vie de Sophie ; au grès des aléas d'un parcours qu'elle se refuse à planifier. Hier blessée, meurtrie par un sinistre Euro d'où elle revenait pour la première fois de sa jeune carrière blessée, celle qui apprit le hand « chez ses mecs », à l'ASCA Wittelsheim, savoure aujourd'hui les bienfaits d'une force de caractère hors du commun. Impatiente mais persévérante, celle dont Olivier Krumbolhz avoue de « plus en plus demander », s'avère des plus secrètes à dévoiler. Soutenue ici par la présence discrète d'une mère timidement appelée, la partenaire de chambrée de Valérie Nicolas réaffirmera demain sa nouvelle identité au sein d'un groupe dont elle sait désormais faire partie intégrante. Sans crainte, si ce n'est celle si profondément dissimulée de ne pas décevoir une famille, auprès de laquelle elle sait pouvoir se ressourcer, Sophie ambitionnera demain le gain d'une première médaille internationale. Car si l'amazone des parquets prit officiellement part au banquet danois (Euro 2002), l'attribution différée de cette médaille de bronze, acquise après procuration, laissa à la Bisontine d'adoption l'âpre goût d'un travail inachevé : « Après la délivrance de cette victoire acquise hier dans la douleur, tout devient aujourd'hui bonus, mais ne comptez pas sur nous pour jouer les dilettantes, au contraire, nous auront la possibilité de jouer enfin libérées sans aucunes craintes. Pour ma part, si mon apprentissage du haut niveau est toujours d'actualité, il est clair que j'aimerais cette fois-ci monter sur un podium que je n'avais pu physiquement approcher l'année dernière. » En digne représentante d'une nation, la cadette du team France abordera ainsi, à 21 ans, son premier carré mondial, en paix avec elle-même mais aussi et surtout en phase avec les siens. Trouvant ainsi dans cet équilibre psychologique les forces nécessaires à l'abstraction de douleurs récurrentes notamment celles d'un genou gauche martyrisé lors de cette première phase. Le mot de la fin revenant ainsi à Manu Herbrecht, la mère et confidente, qui aimablement interrogée sur ses relations filiales avouait l'envie de « bien être » de sa fille : « Sophie dégage une sérénité certaine sur ce mondial, et maintenant libérée, je m'attends donc à tout de sa part… De leur part. Avec elles, tout peut arriver, on peut aller au bout de cette compétition sans problème ! »

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Sophie Herbrecht, ici à la lutte avec l’Espagnole Marta Mangue Gonzales, est bien déterminée à accéder à sa première finale mondiale.

Yannis Drapier

« Partir avec humilité »

Le sélectionneur de l'équipe de France féminine de handball Olivier Krumbholz a estimé hier que ses joueuses devaient « partir avec plein d'humilité » vis à vis de l'Ukraine, leur adversaire en demi-finale du Mondial 2003, ce soir à Zagreb. « Si l'Ukraine est dans les quatre derniers qualifiés, c'est qu'elle est beaucoup plus forte que lorsqu'on l'a jouée. Il y aura donc plus de difficultés. Pour ce qui est du jeu en lui-même, il y a des choses très codifiées. On sait certainement faire des choses en défense qui peuvent poser des problèmes aux Ukrainiennes », a-t-il déclaré. « Tout dépendra, a continué le sélectionneur, de l'évaluation que je ferai de la valeur réelle de Tsygitsa. Si je l'estime vraiment exceptionnelle, on risque de partir sur une défense qui peut paraître notre point fort, à condition que Valérie (Nicolas, une des gardiennes de but) soit exceptionnelle derrière ». L'état physique des Françaises pourrait pousser Olivier Krumbholz à proposer à l'Ukraine « une énorme défense 6-0 très puissante » au lieu de l'habituelle 5-1 avec Véronique Pecqueux-Rolland en position avancée. « Comme on est un peu fatigués, les joueuses sont moins mobiles. Quand on est moins mobiles, c'est plus facile de jouer dans une défense où on a moins de champ à couvrir ».

Les dix derniers matchs FRANCE - UKRAINE

08/12/2002

Euro 2002

France

- Ukraine : 24 - 21
28/11/2002

amical

Ukraine

- France : 31 - 22
09/12/2001

Mondial

France

- Ukraine : 33 - 25
01/12/1999

Mondial

France

- Ukraine : 18 - 16
21/03/1999

Qualif. Mondial

France

- Ukraine : 19 - 19
17/03/1999

Qualif. Mondial

France

- Ukraine : 24 - 20
23/10/1997

amical

France

- Ukraine : 27 - 20
27/04/1997

Qualif. Mondial

Ukraine

- France : 25 - 22
23/04/1997

Qualif. Mondial

France

- Ukraine : 26 - 24
03/02/1996

Qualif. Euro

France

- Ukraine : 21 - 14

*Bilan français sur 10 matchs : 7 victoires, 2 défaites, 1 nul